Ne t'emporte pas !

abou khaled

Junior Member
Ne t'emporte pas !

BismiLlâhEr-Rahmân, Er-Rahim.



Chers frères, chères soeurs,



Le travail, la santé, les problèmes, sont autant de facteur qui pousse le musulman à s'énerver, et à laisser échapper sa colère. Je vais parler du musulman, mais cela englobe bien sûr la musulmane, qui elle aussi se confronte à se problème. Nous allons voir inchaAllâh comment la colère, est non seulement mauvaise conseillère, mais aussi la source de beaucoup de mal.

Abû Hureyra radhiaAllâhou'anhou a rapporté qu'un homme dit au Prophète :

"Fais-moi une recommandation". Le Prophète répondit : "Ne te mets pas en colère". L'homme réitéra sa demande plusieurs fois, et le Prophète de lui répondre à chaque fois : "Ne te mets pas en colère." Rapporté par Bukhari.

Ce noble hadith constitue la preuve évidente que le Prophète avait reçu le don de parler en peu de mots, mais riches en sens et tout de sagesse emplis. En effet, la colère renferme tout le mal et est source de malheur.

Le Prophète salla llâhou 'aleyhi wa salam répéta à plusieurs reprises "Ne te mets pas en colère", parce que la colère prive l'homme de sa raison, or celui qui est privé de sa raison s'expose au danger, dans tous ses actes, la raison perdant de son efficacité sous l'emprise de la colère.

Les causes de la colère sont multiples : La maladie, la faiblesse dans la consttution, le travail éreintant, le manque de sommeil, l'excès dans le luxe, la haute sensibilité aux évènements qui sont, en vérité insignifiants, la perméabilité aux "on-dit" ou à la médisance, mais aussi la défiance, l'humiliation ou l'offense subite.

Victime de la colère, l'homme perd son bon sens et sort hors des gonds. D'aucuns profèrent toutes sortes d'injures, voire des impiétés; parfois même, la colère donne lieu à une légèreté dans le comportement, suscite l'hostilité entre membres de la même famille et amis. Il est des cas où le coléreux recourt à la violence et va jusqu'à verser le sang. C'est pourquoi la colère est terriblement mauvaise et son danger considérable.

La colère nuit également à la santé du coléreux, car provoquant l'aggravation de la tension artérielle et l'accélération du rythme cardiaque. L'emportement peut même causer l'éclatement des nerfs cérébraux ou la crise cardiaque lorsque celui-ci est cardiaque.

D'où la vive mise en garde contre la colère et la considération, par le Prophète salla llâhou 'aleyhi wa salam, de la maîtrise de soi comme marque d'héroïsme. Le Prophète a dit :

"Le fort n'est pas celui qui terasse les gens dans la lutte, mais le fort est celui qui reste maître de lui-même dans la colère." Rapporté par Bukhari.

Emanant du Prophète , cette parole est venue nier que la robustesse et la capacité de terasser l'adversaire soient chez l'homme symbole de force, comme le croient les gens. Elle établit que la force authentique consiste à se maîtriser lorsqu'on s'emporte.

Du reste, le noble Qur'ân compte, parmi les traits de caractère des croyants, la mansuétude, la magnanimité envers les injustes, ainsi que la maîtrise de soi, laquelle met à l'abri de l'esprit de vengeance.
Allâh 'azawajal dit :

وَالَّذِينَ يَجْتَنِبُونَ كَبَائِرَ الْإِثْمِ وَالْفَوَاحِشَ وَإِذَا مَا غَضِبُوا هُمْ يَغْفِرُونَ
42.37. Waallatheena yajtaniboona kaba-ira al-ithmi waalfawahisha wa-itha ma ghadiboo hum yaghfiroona
42.37. ceux qui évitent de commettre des péchés capitaux et des turpitudes, et qui savent pardonner quand ils sont en colère ,
42.37 . And those who shun the worst of sins and indecencies and , when they are wroth , forgive ,

De même, le Qur'ân considère que l'une des qualités majeures des pieux à qui est réservée la félicité dans la vie ultime, c'est la maîtrise de la colère et le pardon accordé par eux à ceux qui les offensent. Allâh 'azawajal dit :

لَّذِينَ يُنفِقُونَ فِي السَّرَّاء وَالضَّرَّاء وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ وَالْعَافِينَ عَنِ النَّاسِ وَاللّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ
3.134. Allatheena yunfiqoona fee alssarra-i waalddarra-i waalkathimeena alghaytha waalAAafeena AAani alnnasi waAllahu yuhibbu almuhsineena
3.134. à ceux qui font l’aumône, qu’ils soient à l’aise ou dans la gêne, qui savent réprimer leur colère et pardonner à leurs semblables, car Dieu aime les bienfaiteurs ,
3.134 . Those who spend ( of that which Allah hath given them ) in ease and in adversity , those who control their wrath and are forgiving toward mankind ; Allah loveth the good ;

وَالَّذِينَ إِذَا فَعَلُواْ فَاحِشَةً أَوْ ظَلَمُواْ أَنْفُسَهُمْ ذَكَرُواْ اللّهَ فَاسْتَغْفَرُواْ لِذُنُوبِهِمْ وَمَن يَغْفِرُ الذُّنُوبَ إِلاَّ اللّهُ وَلَمْ يُصِرُّواْ عَلَى مَا فَعَلُواْ وَهُمْ يَعْلَمُونَ
3.135. Waallatheena itha faAAaloo fahishatan aw thalamoo anfusahum thakaroo Allaha faistaghfaroo lithunoobihim waman yaghfiru alththunooba illa Allahu walam yusirroo AAala ma faAAaloo wahum yaAAlamoona
3.135. à ceux qui, ayant commis un forfait ou une injustice envers eux-mêmes, invoquent Dieu pour Lui demander pardon de leurs péchés, car qui peut absoudre un pécheur si ce n’est le Seigneur? ہ ceux enfin qui ne persistent pas dans le mal, dès qu’ils s’aperçoivent qu’ils sont dans l’erreur.
3.135 . And those who , when they do an evil thing or wrong themselves , remember Allah and implore forgiveness for their sins . Who forgiveth sins save Allah only? . and will not knowingly repeat ( the wrong ) they did .

أُوْلَـئِكَ جَزَآؤُهُم مَّغْفِرَةٌ مِّن رَّبِّهِمْ وَجَنَّاتٌ تَجْرِي مِن تَحْتِهَا الأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا وَنِعْمَ أَجْرُ الْعَامِلِينَ
3.136. Ola-ika jazaohum maghfiratun min rabbihim wajannatun tajree min tahtiha al-anharu khalideena feeha waniAAma ajru alAAamileena
3.136. Ceux-là, leur récompense sera le pardon de leur Seigneur, ainsi que des Jardins sous lesquels coulent des rivières et où leur séjour sera éternel. Et quelle belle récompense pour ceux qui accomplissent des œuvres salutaires !
3.136 . The reward of such will be forgiveness from their Lord , and Gardens underneath which rivers flow , wherein they will abide for ever , a bountiful reward for workers!

Le Prophète recommande aussi de ne pas adresser des invocations à Allâh 'azawajal lorsqu'on est en colère, et spécialement contre soi même, sa famille, ses enfants, ses biens. Il dit en effet :

"N'adressez pas à Dieu des invocations contre votre propre personne, contre vos enfants, contre vos biens." Rapporté Par Muslim 5328

Le grand Savant et sage 'Atâ' Ibn Abî Rabâh dit :

"Ce qui a fait tant pleurer des savants à la fin de leur vie est une colère mal retenue qui a peut-être détruit le fruit de cinquante, soixante ou soixante-dix années d'adoration. Il peut arriver qu'une colère ait fait entrer une personne dans une situation insupportable."

Un homme est venu au Prophète et lui dit :

"Ô Envoyé d'Allâh, apprends-moi quelques mots avec lesquelles je vivrai (ce qui me reste à vivre) et ne m'en donne pas beaucoup, car j'oublie*. Le Prophète lui dit alors :

"Ne te mets pas en colère !" Rapporté par Malik 1408 et Tirmidhi 1943

L'on a rapporté qu'une servante de l'Imam Zayn Al-Âbidîn Ibn Al-Husayn rahimahouLlâh, un broc à la main, versant de l'eau sur les mains de son maître, fit tomber par inadvertance le broc dans la bassine, l'eau éclaboussa le visage de Zayn Al-'Âbidîn qui se tourna vers elle en colère; c'est alors qu'elle récita cette parole d'Allâh.

"Pour ceux qui maîtrisent leur colère"

Il dit :

"Je l'ai maîtrisée"

Elle ajouta :

"Ceux qui pardonnent aux hommes"

Il dit :

"Que Dieu te pardonne !"

Elle dit :

"Dieu aime ceux qui font le bien."

Il dit :

"va, tu es libre pour Dieu !"

Cette servante est étonnante ! Sa connaissance du Qur'ân est grande et elle a l'esprit de répartie, car aussitôt qu'elle sentit venir la colère de l'Imam Zayn Al-'Âbidîn, elle le renvoya à la parole d'Allâh. La réaction immédiate et soumise de l'imam, aux versets qur'âniques, nonobstant sa colère et son irritation, est non moins merveilleuse. il fut tellement touché qu'il affranchit sa servante, alors qu'il lui aurait suffit comme marque de noblesse de caractère de lui pardonner.

Le remède de la colère :

I) Une formule importante

Selon Sulaymân Ibn Surad radhiaAllâhou'anhou :

Deux hommes s'insultaient, en présence du Prophète salla llâhou 'aleyhi wa salam. l'un d'eux injuriait l'autre si violemment que le visage de celui-ci s'empourpra de colère.
Le Prophète dit :

"Je connais une phrase qui ferait disparaître sa colère s'il l'a prononce. C'est "Je demande refuge auprès de Dieu contre Cheytan le lapidé."
Rapporté par les auteurs de Sunans.

En phonétique, "Je demande refuge auprès de Dieu contre Cheytan le lapidé" se prononce "A'udhu billâh mina Cheytan Ar-Rajim".

C'est aussi, le conseil d'Allâh 'azawajal dans le Qur'ân :

وَإِمَّا يَنزَغَنَّكَ مِنَ الشَّيْطَانِ نَزْغٌ فَاسْتَعِذْ بِاللّهِ إِنَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ
7.200. Wa-imma yanzaghannaka mina alshshaytani nazghun faistaAAith biAllahi innahu sameeAAun AAaleemun
7.200. Et si le démon t’incite au mal, cherche refuge auprès de Dieu, car Il est Audient et Omniscient !
7.200 . And if a slander from the devil wound thee , then seek refuge in Allah . Lo! He is Hearer , Knower .

II) Changer de position

De même, Abû Dharr radhiaAllâhou'anhou a rapporté :

Le messager d'Allâh salla llâhou 'aleyhi wa salam nous a dit :

"Que celui d'entre vous qui se met en colère s'assoit s'il est debout; si sa colère ne se dissipe pas, qu'il s'allonge sur le coté. " rapporté par Abû Dawoud et Ahmed

Le Prophète dit aussi en décrivant l'état du coléreux de l'humain :

"La colère est pareille à une braise dans le coeur du fils d'Adam. N'avez-vous pas remarqué la rougeur de ses yeux et la dilatation de ses veines jugulaires ? Si l'un d'entre vous ressent cela, ou une partie, qu'il s'assied." Rapporté par Tirmidhi 2117

III) Eviter de parler et de répondre.

Il s'agit ici de ne pas alimenter et envenimer la querelle et ainsi dire des paroles que l'on ne dirait pas en situation normale. En effet, le Prophète conseille :

"Si l'un d'entre vous s'est mis en colère, qu'il se taise." Il répéta cela trois fois de suite. Rapporté par Ahmed 2029

IV) (Re)faire ses petites ablutions.

Selon 'Atiyya As'Sa'di radhiaAllâhou'anhou, le prophète a dit :

"La colère vient de Cheytan. Et Cheytan a té crée de feu. Or, rien n'éteint le feu si ce n'est l'eau. Que celui d'entre vous qui se met en colère fasse ses petites ablutions." Rapporté par Abû Dawoûd.

Il nous incombe de méditer sur ces sages paroles du Prophète salla llâhou 'aleyhi wa salam; combien serions-nous inspirés si nous les appliquions à nous mêmes et en tirions profit, surtout à l'époque qui est la nôtre où beaucoup, la fragilité des nerfs aidant, ne maîtrisent pas leur colère. Dans un autre hadith, le Prophète salla llâhou 'aleyhi wa salam dit que Cheytan coule dans les veines de l'homme.

En recommandant au coléreux de faire ses ablutions mineures pour dissiper le feu de la colère, le Prophète détourne son attention de l'objet de sa colère; ainsi, les ablutions finies, se détend-t-il et sa tension baisse-t-elle, ce qui le met à l'abri des comportements inconséquents et des initiatives effervescentes.

La colère est un sentiment humain dont il peut être difficile de se départir. Il convient par ailleur, de canaliser ses sentiments. Comme les sentiments d'amour et de haine, inscrits dans la nature même de l'homme, ce dernier ne saurait être contraint de s'en défaire et Allâh 'azawajal ne nous contraindrait pas à aller contre nos profonds instincts et sentiments. L'Islam, au lieu de nier toute nature, dans une volonté de l'étouffer et l'enrayer, se donne pour mission de canaliser dans le sens du bien et de l'utile ces sentiments, de leur enlever leur agressivité potentielle, de diminuer de leur portée négative.

Tel un fleuve dévalant une forte pente allant droit vers des habitations, au lieu de chercher à le bloquer au risque qu'il nous balaye par sa force et ainsi de ne laisser derrière lui que morts et ruines, n'est-il pas plus judicieux de détourner le cours de ses eaux tempétueuses loin des habitations, pour en faire profiter la terre et les hommes ? (Exemple donné par Ibn Al Qayim, Madârij, chapitre de l'éthique (khuluq)).


Source

-"La Sagesse du prophète " , d'Atif 'Abulfattâh Tabbâra
-"Comprendre l'Islam avec les quarantes hadits An-Nawawi" de Mostafa Suhayl Brahami.
 
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