La colère chez l’enfant

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assalam alaykoum

La colère chez l’enfant

La colère chez l’enfant
Salman ibn Fahd Al Awdah
Le 30-10-2004

Je ne m’étonne pas du grand nombre de ceux qui se plaignent de la colère des enfants, ni de l’inexistence d’une stratégie chez les pères dans leur comportement envers leurs enfants pendant leurs accès de colère, afin d’atténuer les dégâts psychiques et matériels de cette situation qui fait partie de la nature des enfants.

Très souvent, nous entendons et sommes surpris par des expressions que répètent nos enfants, et nous restons les bras croisés face à cela, comme par exemple : « Je te déteste maman », « Je ne veux pas te sentir papa », « Je ne t’aime plus », « Je souhaite ne pas te trouver dans ma vie »… et bien d’autres expressions qui sortent lorsque l’enfant est en colère. Alors, nous n’observons parfois que les insultes, les injures et la correction violente de la part des deux parents ; la plupart des parents n’ont aucune solution en dehors de cela et ils se justifient en brandissant le mauvais comportent de l’enfant, en estimant que cette réaction procède de son dressage et de sa bonne éducation.

Après vérification, nous trouvons que les insultes, les injures et la correction violente ne constituent qu’une réaction impuissante des parents mais sous une image séduisante que l’on appelle : éducation.

Il y a des choses que les deux parents doivent prendre en compte pour faire face à la situation de colère, ou pour se comporter convenablement lorsque leurs enfants sont en colère. Je dis comme a dit un poète :
N’eurent été des fillettes comme des duvets de ganga

Ramenés les uns sur les autres
J’aurais une grande inquiétude
Sur une terre longue et large
Cependant, nos enfants parmi nous
Sont nos entrailles marchant sur terre
Si le vent soufflait sur l’un d’entre eux
Mon œil refuserait de se fermer

Et quoiqu’ils soient nos entrailles, je dis comme a dit Habib :
Ils ont été rudoyés pour se garder [des dérapages] et quiconque est déterminé
Qu’il traite parfois sévèrement celui dont il a pitié

Celui qui médite le comportement du Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui-, trouvera qu’il n’a jamais frappé une femme, ni un domestique. La question de savoir si nous devons frapper oui ou non ne me préoccupe pas autant que celle de savoir que frapper aggrave le problème plus qu’il ne contribue à le résoudre.
Beaucoup de parents sont indécis concernant le devoir qui leur incombe premièrement. Ils ne savent pas s’ils doivent mettre l’accent sur la cause de la colère de l’enfant ou sur la colère elle-même ?

A mon avis, la recherche de la cause de la colère est prioritaire et plus utile que le traitement de la colère elle-même. En effet, en mettant fin à la cause qui est à l’origine d’un problème quelconque, on trouve une solution à ce problème et le résout définitivement.

Des grandes personnes n’ont pas un moyen ou une aptitude leur permettant de contrôler leur colère ; que dire alors des petits ?
Il est important d’éduquer l’enfant au calme, à la largesse d’esprit et à avoir un comportement généreux et spontané. Quant à l’enfant qui est éduqué à l’antipode de ces valeurs, lorsqu’il est en colère, il n’y a d’autre moyen que de le calmer dans un premier temps, puis de chercher à remédier à la cause de sa colère.

Les Arabes disent : On ne peut pas donner ce qu’on n’a pas.

Certes, si la colère fait partie de la nature du père, ou s’il est incapable de se maîtriser et d’avoir le dessus sur son irritation, comment va-t-il reprocher à son fils d’être en colère alors qu’il est son modèle et qu’il ne fait que suivre son exemple ? Il l’a éduqué lui-même et l’a élevé selon sa méthode ; n’est-il pas correct de lui dire : cher médecin, soigne toi ?!
Ô homme qui enseigne autrui
Pourquoi pas être toi-même instruit ?
Commence par ta propre personne et interdis lui son égarement
Lorsqu’elle aura arrêté cela, tu es alors connaisseur
N’interdis pas un comportement tout en commettant un pareil
C’est un déshonneur énorme pour toi si tu fais cela
Pourquoi n’utilisons nous pas le dialogue avec nos enfants lorsqu’ils sont en colère ? Le dialogue est en effet plus utile que les hurlements et les pleurs, qui n’engendrent rien d’autre que les troubles psychiques et les désarrois bien entendu. En effet, la méthode du dialogue est présente dans le Qur’an entre le Seigneur de l’univers d’une part et les Anges, les Prophètes et les Messagers d’autre part. Nous trouvons même la méthode du dialogue entre les Prophètes et les oiseaux, comme cela se passa entre Suleyman et la huppe.

Ne sommes-nous pas plus dignes de cela envers nos enfants ?!
Beaucoup de gens parlent avec leurs enfants d’un ton moqueur et méprisable, sous prétexte de leur bas âge et de l’exiguïté de leur esprit et disent que le moment du respect n’est pas encore arrivé, et qu’ils n’ont affaire qu’à un gamin. Ceci à mon sens est parmi les plus grandes erreurs répandues. Quiconque réfléchit sur le comportement du Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- envers les enfants verra qu’il est à l’opposé de ces gens là.

La patience est très importante dans notre comportement envers nos enfants. L’enfant a une âme versatile, un esprit ambitieux, et une imagination qui n’a pas de limite. C’est une erreur que de le plier au comportement des grands alors qu’il n’a pas encore fait la distinction entre ce qui lui est utile et ce qui lui est nuisible. Nous comprenons ainsi le secret de la descente du Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- du haut de sa chaire à cause de ses deux petits-fils Al Hassan et Al Hussein, alors qu’il avait en face de lui les grands et les meilleurs Compagnons, les premiers à avoir embrassé l'Islam, comme cela est rapporté dans les Sunan.

Il est très dangereux que l’enfant ait le sentiment d’avoir perdu l’amour de ses deux parents, même pendant son admonestation ou en faisant face à sa colère. Il convient que ce sentiment soit la marque dominante dans chaque remède. Surtout que ton fils possède ton cœur grâce à ton amour pour lui ; ainsi, malgré son bas âge, il influence certains de tes comportements :

Ne t’emporte pas contre les gens que tu aimes
Ce n’est pas la colère qui te sauvera de tes bien-aimés
Ne sois jamais en litige avec eux, même s’ils sont injustes
Car lorsqu’on est en litige avec les juges, ils gagnent

Habitue ton enfant à t’exprimer ce qu’il ressent en cas de colère au lieu de hurler et de crier.
Si tu connais la raison de la colère de ton enfant, essaye de simplifier les choses et de descendre au niveau de sa raison et ne le traite pas sur la base de ton niveau à toi. Au contraire, comporte toi envers lui tel qu’il est, quelle que soit la banalité de cette question.

Ne vois-tu pas qu’une petite fille tenait le Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- par sa main et qu’il la suivait où elle voulait ?
Il faut que l’enfant ressente qu’il vit dans un milieu de liberté discipliné loin de la coercition et de la subordination quotidienne que tu ne ressens pas alors qu’elle frustre ses sentiments et son psychisme.
D’après une étude statistique, 70% d’enfants des pays du Golfe souffrent de troubles psychiques.

Aussi, nous nous trouvons aux deux antipodes : soit l’excès soit la négligence ; or les cieux et la terre sont établis sur l’équité :
Sois tolérant et ne réclame pas la totalité de tes droits
Et retiens-toi car un généreux n’a jamais exigé tous ses droits
Ne sois dupé en rien et sois modéré
Les deux extrêmes de la modération sont des choses réprouvables

Je connais une personne digne parmi ceux qui traquent leurs enfants avec l’éducation au point que s’ils pouvaient compter le nombre de fois qu’ils respirent, ils le feraient… cette personne est venue me trouver alors que son enfant est devenu jaune, son visage a pâli, et que les signes du désarroi sont apparus sur lui. Tout ce que son père veut, c’est de voir son fils se comporter sur la base de son esprit à lui, et non sur la base de l’esprit de son petit enfant.

Enseigne à ton enfant de changer son état pendant la colère, par exemple en faisant les ablutions, ou en s’asseyant s’il est debout, en se levant s’il est assis, en prenant un livre ou autre chose. S’il fait cela, sa colère va se calmer. Aussi, profite de cette occasion pour l’encourager et lui donner un cadeau, même s’il s’agit du stylo qui se trouve dans ta poche.
Fais abondamment l’éloge de ton fils lorsqu’il est calme et n’épargne aucun effort à ce sujet, avec chaque propos et expression, avec la main ou le visage, etc.

Essaye de pratiquer avec ton fils le jeu des rôles, en jouant toi le rôle du coléreux et en lui donnant le rôle de celui qui calme ta colère, et permets lui de suivre la méthode qu’il juge convenable. Il est bon que tu habitues l’enfant à dire : Je suis fâché à cause de ceci, au lieu de se limiter à des cris.

Ce n’est pas dans toutes les situations que la méthode qui consiste à donner des ordres est utile. Il serait bon que nous nous éloignions de ce genre de parole : Tais-toi ; disparais de ma vue ; si je t’attrape, je vais te briser la tête ; ne t’adresse pas à moi de cette façon insolente…

Au lieu de cela, nous pourrions dire par exemple : Viens, mon bien-aimé ; je suis ton père et ton ami ; je suis sensible à ta colère, n’éprouve donc pas mes sentiments… L’important c’est de l’amener à avoir de la sympathie pour toi. En effet, l’enfant d’aujourd'hui est l’homme de demain et il se peut qu’un jour, tu regrettes de ne pas l’avoir habitué à avoir de la sympathie pour toi.

Celui qui observe le comportement du Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- envers les enfants témoignera que ce Prophète est comme décrit dans ces vers :

Il est la mer quel que soit le côté duquel tu l’approches
Sa profondeur est la bonté et la générosité est sa côte
Anas dit dans un hadith rapporté par Mouslim : J’en jure par Allah, je n’ai vu personne plus compatissant envers sa famille que le Messager d’Allah –paix et bénédictions d’Allah sur lui-. Il aime les enfants, pleura à l’occasion du décès de son fils Ibrahim. Les Compagnons envoient leurs enfants auprès de lui dès qu’ils viennent au monde ; il frotte leur palais, invoque la bénédiction d’Allah en leur faveur, et parfois, change leurs noms pour leur donner des noms plus beaux. Il est gentil avec eux, et les caresse. Al Hassan vient en vitesse se lancer dans le giron du Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- qui l’accueille, le sert contre lui et dit : « Ô Allah, fait qu’il soit aimé, et aime celui qui l’aime » [rapporté par Al Boukhari et Mouslim].

Une autre fois, il sort de la mosquée portant Al Hassan et Al Hussein sur ses épaules, comme cela est rapporté par An-Nassâi. Et un jour il prie en portant Oumâma, fille de Zaïnab. Il console également un petit enfant attristé par la mort de son oiseau en lui disant : « Ô Abû Oumair, qu’a fait le petit oisillon ? » Comme cela est rapporté par Al Boukhari et Mouslim. Bien mieux, il demande la permission à un gamin afin de donner à boire aux personnes âgées qurayshites avant lui et parmi ces derniers se trouvent Abû Bakr et Oumar. Le gamin ayant refusé, le Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- obtempère et lui donne à boire avant ces grandes personnes ; ce récit est rapporté par Al Boukhari.

Quant à Amr ibn Salama, il dirige la prière devant son peuple alors qu’il n’a que six ans, parce que c’est lui qui sait mieux lire parmi eux… et beaucoup d’autres excellents comportements du Prophète –paix et bénédictions d’Allah sur lui- devant lesquels le musulman se lève par révérence à leur auteur et réalise que les plus grandes expériences éducatives et les plus grandes écoles de formation en Orient comme en Occident sont dans un besoin pressant d’un tison de cette lumière prophétique noble.
 
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